NOTES

 

L'article de la Revue des deux mondes (XIV, 4, 1838, p. 535-540) consacré au Journal des Etats Généraux de Masselin pulié par A. Bernier (Paris, 1835), article que Hugo a pu lire, contient bien la formule « magistrature élective », mais c'est au sens latin où les consuls, chefs des armées, sont aussi des magistrats élus, et elle s'applique aux Etats Généraux eux-mêmes.

Dans son appréciation de la portée de ces Etats Généraux de 1484, Hugo se fonde peut-être sur le récit et l'analyse qu'en donne P.-P. Ségur dans Histoire de Charles VIII, roi de France (Paris, 1835, le livre se trouvait à Hauteville House) et plus particulièrement sur le compte rendu qu'il fait des doléances concernant la justice (p. 54-57). Elles sont très vives, mais ne mettent pas en cause l'achat des charges, et toutes les discussions s'étant bornées à la composition du Conseil royal et aux impôts, il ne fut pas question de magistrature judiciaire élective.

S'il n'a pas lui-même extrapolé des doléances concernant la justice la demande d'une magistrature élective, Hugo a pu être conduit à le faire. Le Magasin pittoresque, par exemple, dont la collection ne figure pas à Hauteville House, rendant compte du Journal Masselin met au nombre des demandes des Etats « que la vénalité des juges fut proscrite, et qu'il fut pourvu aux vacances dans les tribunaux par la voie des élections comme avant Louis XI: "souvent, quand aulcune office vacquoit, on bailloit la lettre de don en blanc à facteurs pour y mettre le nom de celuy qui le plus en offroit". » (Quatrième année, 1836, p. 61) C'est tirer une conclusion étrange du texte cité du cahier qui demande la mise aux enchères des offices, comme le précise d'ailleurs une note rappelant que la vénalité des offices remonte à saint Louis!

Contrairement à ce que suggère son nom, l'orateur le plus remarqué de ces Etats, Philippe Pot, était noble.

Ségur, comme beaucoup d'autres, voit dans ces Etats une préfiguration de ceux de 1789; Michelet nullement: « Je suis fâché de voir que tous les historiens se soient trompés sur ces Etats de 1484, qui ne sont autre chose qu'une réaction de l'aristocratie. Rien ne ressemble moins aux vrais et sérieux Etats de 1357, qui furent la nation même, autant qu'on pouvait se la représenter alors. Ceux de 1484 furent une comédie. [...] L'ouverture est fort théâtrale. Tous accusent le dernier règne. [...] Tout avorta. » (Histoire de France, t. 7.)